vendredi 13 février 2009

L'homme du métro

Il y avait du monde dans le métro et j'occupais toujours la même place. Il est monté à son tour et a pris sa place.
Il a évité mon regard, fait comme si on ne se connaissait pas. Puis, une espèce de rocker est monté, l'air bizarre. Il m'a regardé et a commencé à me parler. Il était pas mal : grand, blond, la mèche ondulée façon Johnny des années soixante, mais il m'embêtait vraiment. Je ne savais pas quoi faire ni quoi lui répondre, alors j'ai tenté mon va-tout. Et en m'adressant à mon voisin d'en face qui semblait beaucoup s'amuser :
- Chéri ! Dis-lui donc qu'on est mariés ! Qu'il me fiche la paix !
Et c'est comme ça que le miracle a eu lieu.
- C'est vrai quoi ! Laissez tomber ! Elle est prise et par moi.
Et joignant le geste à la parole, il s'est assis à côté de moi.
Le beau blond a eu une mou désabusée et c'est à la station suivante qu'il est descendu.
- Merci, c'était sympa. Ne m'en veuillez pas pour hier. Je tiens à m'excuser et je vous offre un verre. Alors, ça vous dit ?
Je n'en revenais pas de ma propre audace et cela ne faisait pas partie de mon boulot.
Qu'est-ce que je faisais ? Il fallait qu'il sache. C'était ma petite voix intérieure qui me parlait. Pourquoi devait-il savoir ? Je n'en avais pas envie mais alors pas du tout car je m'amusais bien pour une fois !
- Si on descendait là ?
On avait raté Gare du Nord et on était maintenant Gare de l'Est.
Il me plaisait et il était drôle !
- Descendre Gare de l'Est ? Oui, pourquoi pas ! Il y a toujours beaucoup de monde ici, vous savez. Il faut se trouver une place quelque part.
Il me regarda bizarrement et éclata de rire.
- Oh, ne craignez rien, il y a toujours des places, surtout à cette heure là !
Mais arrivés dans la gare, nous dûmes vite déchanter. Que de monde ! Pourtant, au buffet de la gare, il restait une petite table dans un coin. C'était suffisant.
- Voilà. On est bien ici. Que prenez-vous ?
- Heu, un thé, un thé au lait. Froid le lait !
Le garçon attendait déjà à notre table.
- Ces messieurs-dame désirent ?
- Un petit noir et un thé au lait. Froid le lait.
Et le garçon disparut, nous laissant en tête-à-tête.
- Vous n'enlevez pas votre chapeau ni vos lunettes ? J'aimerais connaître la couleur de ces yeux qui me suivent depuis ces jours dans le métro ! Vous m'avez intrigué, franchement ! Qui êtes-vous ?
Oh la la ! Toutes ces questions !!! Je croyais que les hommes ne parlaient pas !
Je suis gâtée avec le mien ! Je ne pouvais décemment pas ôter mon chapeau et encore moins mes lunettes !
- Je ne peux pas vous montrer mes yeux. Ils sont quelconques et je porte une perruque. C'est ma maladie qui veut çà. ( Alors là, quelle menteuse !)
- Ha, dommage ! Au fait, moi c'est Tristan. Je travaille au Père-Lachaise, enfin, à côté, et vous ?
- Le Père-Lachaise ? Je connais bien et c'est vraiment un coin sympa : Qu'est-ce que je fais ? Heu... surveillante. Oui, c'est ça. Je fais de la surveillance.
- Ah ? Et vous surveillez quoi ?
Le serveur arriva juste à point avec nos consommations.
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