vendredi 18 avril 2008

les pies

LES PIES





Elles ne cessaient de frapper aux carreaux.
Partout : carreaux de la chambre, carreaux de la cuisine, carreaux du salon.
Elles étaient deux : Troisquatorze et Censeize.
C’était leurs noms. Enfin, c’est ce qu’elles disaient parce qu’on n’en savait vraiment rien.
La première fois, il était six heures du matin.
Réveil en sursaut et frilosité du petit matin.
C’est Troisquatorze qui tapait de son long bec noir et brillant contre le carreau de la chambre.
Quand elle a vu que j’étais réveillée, elle s’est envolée vers le sommet du mur de pierre. Puis, comme je ne bougeais pas, elle s’est à nouveau ruée vers la fenêtre et : tong, tong ! son bec tapait contre le carreau. Pas n’importe quel carreau. Non ! Celui du bas, à gauche. Pourquoi ? Allez savoir ! Depuis bientôt … Attendez voir que je me souvienne, bon, hé bien, disons que cela dure depuis un moment, c’est comme ça, les pies cognent aux carreaux.

Tout à l‘heure c’était Censeize. Je l’ai reconnue. Son envol est plus laborieux. Ses ailes noires et blanches comme un échiquier seulement composé de bandes alternées, ce sont étalées avec lenteur sur le ciel bleu.
J’ai ouvert la fenêtre en vitesse :
-Qu’est-ce que tu veux, à la fin ?
Elle ne m’a pas répondu.

C’est vrai, c’est fatigant tous ces klongs klongs ! contre les carreaux.
C’est bizarre quand même, il n’y a rien sur les vitres. Pas de moucherons ni araignées, ni rien d’autre à becqueter.
Alors quoi ? Qu’est-ce qu’ils ont mes carreaux ?
Et si c’étaient un signe ? Possible.

Faut dire qu’avec un nom pareil : Troisquatorze et Censeize, on peut se poser des questions.
Pourquoi ces noms ? Elles ne sont que deux !
Je me plais à rêver d’une infinité de pies tourbillonnantes et qui viendraient une par une, cogner aux carreaux, comme ces chiffres, sur un mur, dans l’infini des nombres et surtout dans l’infini du nombre pi : 3,14116…

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